Maintenir la fertilité d’un potager

Avant de commencer :

Le potager de votre voisin est plus vert ? Les légumes y poussent plus vite ? Vous trouvez que votre jardin commence à s’essouffler, que les légumes y poussaient mieux il y a quelques années ? Amélioré la fertilité du sol, c’est possible. On vous explique comment!

Que vous jardiniez de manière conventionnelle ou en permaculture, le principe reste le même. La gestion de la fertilité, c’est avant tout la gestion « gestion des flux ». Si il y a des dizaines, voir des centaines de Kg de nourriture qui sortent du jardin, il faudra tôt ou tard qu’il y ait des dizaines (voir des centaines) de Kg qui retourne au jardin pour le nourrir.

C’est la plante qui construit le sol :

Pour maintenir la fertilité du sol d’un potager, il est important de comprendre les principaux éléments qui contribuent à la santé des plantes. Le sol est vivant et regorge de micro-organismes, d’éléments nutritifs et de matière organique essentiels à la croissance des végétaux. L’un des moyens les plus efficaces pour préserver la fertilité du sol est le compostage de surface ; c’est-à-dire déposer de la Matière Organique (Mo) brute en surface et laisser les décomposeurs la digérer.
Comme matière brute pour nourrir le sol et la vie qui s’y trouve, vous pouvez utiliser: De la paille, du foin, du broyat de branche, des feuilles, ou également de la tonte ou déchets allimentaires (mais ne contenant que peu de carbone, ce n’est pas le meilleur des apports pour nourir et structurer le sol)
A noter que le broyat de résineux n’acidifie pas le sol! (cf article de l’ADEM en bas de page)

Ce compost issu du mélange de résidus végétaux, de feuilles mortes, de déchets verts, broyat et/ou de fumier se décomposent naturellement pour former de l’humus. Celui-ci enrichit le sol en matière organique, en nutriments et en éléments minéraux.

A noter, en plus de contenir une cohorte d’éléments nutritifs, l’humus à une énorme capacité de rétention d’eau.
1gr d’humus peut stocker 7gr d’eau ! (Quid de la réelle utilité des oyas en plein champs quand on connait la capacité du sol à stocker l’eau…)

Si dessous, un graphique qui montre l’importance d’avoir un bon taux de carbone dans le sol, mais surtout le lien entre taux de Mo par rapport à la quantité d’argile. Lien en bas de page

Bilan Humique et ration du sol

Avant de parler de ce que mange le sol et en quelle quantité, il est bon de rappeler que l’unité de mesure du sol c’est la tonne, ou le m3. Gardez bien en tête cette échelle. Et tout comme il parait incohérent de remplir une piscine avec une seringue, restaurer la fertilité d’un jardin avec quelque kg l’est tout autant…

Ci dessous, 3 tonnes de broyat pour relever le taux de Mo de 3% sur une parcelle d’environ 300m2

Nourrir le sol ou nourrir les plantes ?

Mais attention : le compost n’améliore pas la structure du sol !  Il nourrie la plante, mais pas la vie du sol et ne participe pas à la structuration du sol.

Ci dessous, une experience menée par le reseau MSV. Lien en bas de page

• 2) Les Engrais Verts

Il existe également d’autres sources d’engrais organiques pour nourrir le sol d’un potager. Par exemple, les engrais verts, tels que les légumineuses (vesce, féverolle) , enrichissent le sol en azote. Les céréales (seigle, blé d’hiver…) elles, en plus de produire de la paille directement sur place, limitent la pousse des adventices et participent grandement à la structure du sol.

Ci dessous une parcelle d’engrais vert (seigle, fèverole) prête à être détruite (début mai)

3) Les purins

Les purins d’ortie, de consoude ou de fumier sont également utilisés comme fertilisants naturels riches en micronutriments et en bactéries bénéfique à la vie du sol. Mais les purins, fabriqués à base de dilutions, contiennent principalement de l’eau… ils ne peuvent en aucun cas remplacer un amendement. Ni maintenir a eux seul la fertilité du potager.

4) Rotations ou pas ?

La rotation des cultures est un autre moyen efficace de maintenir la fertilité du sol. En alternant les plantations et en évitant de cultiver les mêmes espèces au même endroit chaque année, on évite l’épuisement des nutriments spécifiques à certaines plantes. De plus, cela permet de contrôler les parasites et les mauvaises herbes. 
Mais la rotation des cultures n’est pas une obligation. Pour ma part, je cultive les tomates sur une même zone depuis plus de 10ans. Par contre, cela m’oblige de nourrir beaucoup plus le sol de cette zone que celle ou je cultive des haricots ou des salades.

 5) Le fumier

Enrichir la terre avec des amendements organiques tels que le compost, le fumier ou la paille est également essentiel. Ces amendements apportent des oligo-éléments et des minéraux qui nourrissent les plantes et maintiennent la vitalité du sol.

 6) Les engrais de synthèses

Il est important de noter que l’utilisation d’engrais chimiques doit être évitée autant que possible, car (en plus d’avoir un bilan carbone déplorable pour leur fabrication) elle peut entraîner la dégradation de la qualité du sol à long terme. Les engrais chimiques sont souvent composés d’azote, de phosphore et de potassium, mais ils ne contribuent pas à la santé globale du sol et peuvent nuire aux micro-organismes bénéfiques.
Bref, une fausse bonne idée développée à une époque où les la terre semblait sans limites… 

7) L’eau c’est la vie

Enfin, l’arrosage régulier et adapté aux besoins des plantes est essentiel pour maintenir la fertilité du sol. L’eau apporte les éléments nutritifs aux racines et permet aux plantes de puiser les nutriments présents dans le sol.

« Pas d’eau, pas d’activité biologique. Pas d’activité bio logique, pas de minéralisation de la Mo. À ce moment, la plante ne peut plus s’alimenter correctement » .

Le paillage, l’augmentation du taux de Mo du sol aura tendance à augmenter la capacité du sol à retenir l’eau. Mais la paille ne fabrique pas d’eau !

En suivant ces pratiques de base, j’espere que vous parviendrez à maintenir la fertilité du sol de votre potager. Que cela vous permettra une croissance saine pour vos plantes, une bonne floraison et une récolte abondante. Gardez toujour en tete qu’il est essentiel de prendre soin de la terre et de l’enrichir régulièrement pour garantir un potager productif et durablement fertile.

  Pour résumer :

• Ration des cultures (mais ce n’est pas obligatoire) ou « recharger le sol » avec quantité variables en fonction e la production annuelle d’une zone. En gros, remettre plus de matière là où ont pousser les tomates par rapport à la zone où a pousser des radis et salades)
• Créer puis maintenir la porosité du sol de manière mécanique (motoculteur, grelinette) ou de manière biologique (engrais vert+ travail des vers de terre)
• Entretenir sa population de vers de terre (les nourrir et éviter de détruire leur habitat)
• Sans eau, pas de vie
• Le compost nourri la plante, le broyat (ou tout autre matière organique brute) nourri et structure le sol le sol

Ci dessous la terre d’une de nos parcelle (sans labour avec apport régulier de broyat). à Gauche, le sol de notre voisin agriculteur distant de d’une dizaine de metres

Pour aller plus loin:

Les fondamentaux du Maraîchage Sol Vivant, par François Mulet

https://www.youtube.com/watch?v=3Nh14YIVuss&t=6s

Le rôle du carbone en agriculture, par Pascal Boivin

https://www.youtube.com/watch?v=917z47-UgzA

Marcel BOUCHE – 600 Unités d’Azote grâce aux Vers de Terre

https://www.youtube.com/watch?v=enGc4CLh_is&t=368s

Marc André SELOSSE – Fonctionnement Biologique des Sols

https://www.youtube.com/watch?v=DAOdifyrfp4&t=2846s

Broyat de résineux au potager

https://paca.ademe.fr/sites/default/files/conseils-broyage-paillage-fiche-4-resineux.pdf

Pour commander des engrais verts en Suisse: https://www.sativa.bio/fr_ch/engrais-verts

Pour commander des engrais verts en France: https://www.agrosemens.com/22-jardin-graine-bio-Engrais-Verts 

Si vous souhaitez vous former à la permaculture sur Genève ou en Suisse Romande, rdv sur notre page evenement pour voir nos prochaines dates.